jeudi 27 mai 2010

These New Puritans - Hidden


Je me souviens d'un mec qui avait qualifié les puritains de "redoutablement inoffensifs". Il faut dire que Beat Pyramid, leur premier effort n'arrive pas à la cheville de l'album chroniqué ici. Toujours est-il que votre serviteur avait su y déceler un potentiel monstrueux, déroulé ici avec brio.

Hidden c'est quelques centaines de personnes, entre 20 et 30 ans. Ils sont de taille moyenne, tous cintrés dans leurs uniformes gris. Pâles, inexpressifs, ils se tiennent en ligne, droits et fiers, mais de cette fierté éteinte, presque passée. Dans cette grande pièce sombre, ils vont essayer de danser, dance-floor fasciste, engoncés, gênés par leurs bras maigres et leurs bottes cirées trop étroites. Sur quoi peuvent-ils danser? Sur quoi peuvent-ils danser? Sur quoi peuvent-il danser? Sur un squelette de musique, un rock orchestral famélique et militaire raclant les débris industriels pour assembler d'éphémères structures dubstep auxquelles on ne croit pas. Comme des machines essayant d'imiter des humains, des rouages imitant de la chair.  Ils sont portés vers un déhanchement mécanique, robotique et froid qui transpire une sueur glacée et amère. Des auréoles se forment sous leurs bras et leurs mèches blondes brunissent en balayant leur front, alors que des chœurs hantés essayent de nous faire croire à un semblant d'âme. Les dagues sont dégainées dans cette transe morbide, lacèrent les étoffes rugueuses, et du sang jailli soudain, noir, épais. En sombrant dans ses harmonies classiques, aux sons doux des hautbois, ces pantins souillés de sueur, de salive et de sang glacé font jaillir une chaleur presque animale, et parviennent, au prix d'un effort laborieux, à atteindre un semblant de grâce.

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